PREMIERE PARTIE. De l’action du feu employé comme instrument chimique par la
voie sèche.
en sorte que les produits des opérations faites par son moyen, soit par la voie
sèche, soit par la voie humide, ne sont jamais des matières auparavant
existantes dans les substances qui ont subies ces opérations.
Examinons donc quels sont les résultats de l’action du feu sur les corps qu’il
dénature dans chacune des deux voies où l’on peut l’employer.
P R E M I E R E P A R T I E.
De l’action du feu employé comme instrument chimique par la voie sèche.
J’appelle action du feu par la voie sèche, celle qu’exerce le feu calorique à
nud dans l’air ambiant, sur les corps soumis à son influence.
J’ai prouvé dans mes différens ouvrages de physique, que ce calorique à nud
étoit auparavant du feu fixé et combiné dans certains corps, d’où il a été
dégagé et réduit en calorique par la combustion (1).
Lorsque le feu calorique à nud agit sur un corps, d’abord il pénètre dans sa
masse et s’introduit entre les molécules essentielles qui la constituent.
Bientôt après, par les suites de son état expansif, ce feu qui est répulsif dans
tous les sens, écarte les molécules de ce corps, dilate sa masse, ou la fait
entrer en fusion, ou même en volatilise les parties, si ce corps est susceptible
d’éprouver l’une ou l’autre de ces modifications ; et tant que le feu calorique
qui agit, n’a pas altéré la nature du corps soumis à son action, il est bien
évident qu’il n’agit alors qu’en simple instrument mécanique.
Mais il n’en est pas de même, lorsque le calorique a dénaturé la substance
soumise à son action, c’est-à-dire, lorsqu’il a détruit l’état de combinaison de
ses principes, et je vais essayer de faire voir qu’alors une partie du calorique
qui agit, se fixe et se combine avec les résidus de la substance qu’il a
dénaturée ; et qu’il forme avec ces résidus des matières absolument nouvelles.
Si l’on examine attentivement ce qui arrive à tous les corps
(1) La matière du feu étant libre et refoulée sur elle-même par le frottement
des corps solides entr’eux, ou par l’impulsion de la lumière, est aussi
très-souvent réduite directement en calorique ; mais comme le calorique provenu
par cette voie n’est pas employé communément par les chimistes, il n’en sera pas
ici question. (Voyez mes Recherches, n°332 à 338, et mes Mémoires de Physique, §
217).
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